Tin Men and Flesh Robots

A puff of dark yellow smoke slowly left a pair of cracked and shivering lips. For the second time this morning, Agent M82 looked with a scowl at his branded JoyPuffs© and wondered why he had even bought the damn thing. He was freezing, and a few puffs of a cheap cig would have soothed him wonderfully, but of course an agent of SMILE couldn’t be caught with something as brand-unfriendly as that. The detective snuggled tighter in his wool coat – no fancy Warmth and Comfort© suits for the likes of him. He cursed one last time his broken snowmobile, before continuing his walk toward the factory. He made a crunch with each step of his heavy boots, just loud enough to be heard above the howling of the wind.


Agent M82 arrived a few minutes later in front of the factory’s heavy metal doors. He put his JoyPuffs© away in his left breast pocket, and quickly surveyed his surroundings. The snow was fresh and bore no footprints, not unusual by itself given the recent blizzard. A pile of snow was stacked in front of the gargantuan doors, looking entirely out of place in front of a supposedly active factory. A gale stronger than the ones before swept over him, leading him to briefly pat his coat to look for cigs before catching himself and cursing.

Before trying to contact the workers inside, he stepped back from the door. Following his training, he walked a few hundred meters on both sides of the entrance, trying to find any other clues on the situation inside.

The giant mass of metal plates and bolts was coal black, in sharp contrast with the snowy landscape it was lost in. It stood at least a few hundred meters high, and was spread as far as the horizon. On top of the black mountain of a building sprawled a forest of chimneys, spewing columns of dark fumes that rose high in the sky. The detective looked at them, and smirked in self derision at how much he was envying their warmth.

Despite looking for them, he couldn’t locate any windows or secondary exits, giving the factory the air of a sealed tomb. There were no other signs of civilization around it, and the closest human settlement he had seen was several hours away by snowmobile. He reckoned a Fulfillment rehabilitation center© wouldn’t have looked out of place here.


De retour devant la porte obstruée, Agent M82 lui fit face et arma sa jambe. Après quelques coups de pieds précis dans la pile de neige qui faisait office d’obstacle, elle s’écroula sur elle-même, pour ne laisser planer dans l’air qu’une légère poudreuse. Le détective attrapa la poignée recouverte de gel et ouvrit l’immense porte. Le métal rouillé était lourd et son mouvement provoqua un vacarme brisant le silence ambiant. Avec précaution, il glissa un pied à l’intérieur du bâtiment, puis la tête, avant d’y entrer entièrement.

L’intérieur de l’usine était large comme plusieurs immeubles du centre-ville réunis mais rempli d’énormes machines industrielles, presque collées les unes aux autres sur des centaines de mètres. Les alentours étaient délabrés et poussiéreux, des bouts d’électronique et de métal parsemaient le sol, et un énorme bras mécanique était effondré entre deux machines. Juste au-dessus du membre de fer, on pouvait apercevoir son ancienne attache au plafond, de laquelle dépassait des câbles électriques arrachés. Aucune machine ne bougeait, aucun néon n’était allumé, aucune once d’électricité ne semblait circuler, l’usine entière était plongée dans un silence de mort.

Les yeux d’M82 se faisaient petit à petit à la faible luminosité dont la source était de fines fenêtres proches du toit. Il finit par apercevoir une forme inhabituelle près du mur. En plissant des yeux, il identifia un corps inerte, gisant la face contre le sol. Sans faire aucun bruit, il s’en approcha et le toucha précautionneusement avec le bout du pied. Pas de réaction. Il s’accroupit et retourna le corps avec une main. Un visage écorché se révéla. Ce qui avait l’apparence d’un homme trentenaire, présentait une figure blême, un regard dans le vide, et la partie droite de sa tête ouverte, comme fracassée. Le reste de son visage était éclaboussé de sang. La zone endommagée n’était plus que lambeaux de chairs éparpillés, et au milieu de ce fouillis bordeaux se trouvait un œil en piteux état. Mais sur le fond du globe oculaire, on pouvait distinguer de fins circuits électroniques qui menaient eux-mêmes à de petits câbles et circuits imprimés. Cette chose n’était pas humaine. Cette chose était un réplicant.

Agent M82 resta stoïque, malgré la tension qui montait lentement en lui. Il inspecta rapidement le reste du corps, puis fourra une main dans une poche extérieure de son manteau et en ressortit un petit cylindre métallique, pas beaucoup plus large qu’un stylo. Il pointa le gadget vers le visage du cadavre, et des rayons lumineux bleus en sortirent, pour parcourir le reste de figure verticalement et horizontalement. Un bip grave sonna. Aucun résultat. L’agent réfléchit un instant. “Il a été construit mais il n’est peut-être jamais sorti de son usine…” pensat-il.

Soudain, un bruit retentit un peu plus loin. Cela venait de derrière les machines qui obstruait le milieu du bâtiment. L’agent se releva, et se mit à traverser l’usine avec précaution. Au fur et à mesure qu’il se rapprochait, le bruit devenait plus net. C’était un cognement sourd et métallique, qui se répétait, à intervalles presque réguliers. Il arriva tout près de la source, une excroissance du mur de l’usine qui formait une pièce fermée. Elle était faite dans le même béton que le bâtiment mais à partir de la mi-hauteur des carreaux de verre dépoli entourait la pièce jusqu’au plafond, ne laissant apercevoir que l’aura de lumière émanant de l’intérieur. Le tapage continuait.

M82 saisit son pistolet dans une main, et attrapa la poignée de la porte qui lui faisait face dans l’autre. Le bruit s’arrêta à ce moment. Il rentra, en pointant son arme. Le sol de la salle était jonché de corps inertes, difficilement discernables les uns des autres, et une fulgurante odeur de sang mélangé à du métal agressa ses narines. Certains cadavres semblaient synthétiques, d’autres complètement humains. À première vue, il était impossible de tous les catégoriser.

Dans le coin gauche, se tenait debout un homme, dans une position peu naturelle mais immobile, comme s’il venait d’être pris par surprise. Il fixait l’agent avec un visage apeuré. La nature exacte de sa corpulence était cachée par l’ampleur du bleu de travail qu’il portait, mais selon sa tête, il semblait avoir une trentaine d’années. Ses cheveux étaient courts et d’un blond platine qui se mariait très bien avec les tâches de rousseurs qui parsemaient son nez et ses pommettes. Il n’avait pas de pilosité faciale, mais sa mâchoire taillée et son menton pointu lui formaient une figure puissante et définie. Il était en partie tourné vers le mur et sa jambe gauche était à moitié levée. Sur cette même jambe, le genou était couvert de sang. Le reste du corps présentait des éclaboussures mais n’avait pas l’air d’avoir de blessures. En y regardant de plus près, on pouvait apercevoir que la silhouette dissimulait quelque chose. Derrière l’homme, il y avait un corps inanimé, assis le dos contre le mur. Sa figure était enfoncée et broyée. Son torse était trempé de rouge.

“Vous êtes de la police ?!” s’écria l’homme.

L’agent ne répondit pas.

“C’est un putain de réplicant, il allait me tuer !”

M82 resta silencieux, pointant toujours son arme vers lui. Il fit un geste vers le côté avec le bout de son pistolet.

“Dehors. Suivez-moi.” dit-il en rompant son silence. Avec son pistolet toujours en joue, il sorti doucement, en faisant quelques pas à reculons.

“D’accord, tout ce que vous voulez.”

L’agent baissa son arme et se retourna, pour ensuite s’éloigner de la pièce.

Soudain, il ressenti une flagrante douleur à la jambe droite, et s’écroula sous le choc. À genoux, les deux mains contre le sol, il se retourna directement pour regarder derrière lui. L’homme lui faisait face debout. Un sourire sadique avait remplacé son expression de panique, et il tenait dans sa main une barre de fer dont le bout tranchant était imbibé de sang. M82 regarda sa jambe un instant, une énorme entaille parcourait l’extérieur de sa cuisse, et ses vêtements commençaient à prendre une coloration bordeaux.

L’agresseur s’approcha lentement de sa victime. Dans un élan de réactivité, ce dernier chargea sa jambe saine et assena un puissant coup de pied dans le genou de l’homme. La jambe se torda à contre-sens dans un craquement métallique et il tomba à terre en ne laissant échapper qu’un simple grognement. L’agent recula au sol en s’aidant de ses mains, frôla des doigts son arme qu’il avait laissé tomber, et s’empressa de l’agripper pour viser l’homme. Des vrombissements mécaniques émanaient de lui, et subitement, sa jambe tordue se replaça toute seule dans le bon sens dans un mouvement brusque, et il se releva comme si de rien n’était.

M82 avait perdu une partie de son sang-froid après avoir assisté à cette scène, mais il n’était pas entièrement paniqué pour autant. Il tenait fermement son pistolet avec ses deux mains, et posa son index droit sur la gâchette, un léger clic se fit entendre pour signaler le déverrouillage du calibre, et il appuya sur la gâchette. Une forte détonation retentit. La trajectoire de la balle traça une ligne blanche du canon directement à la poitrine de l’homme, au niveau du cœur. Il s’arrêta net. Un énorme trou dans son torse laissa apercevoir ses intérieurs. Un mélange de chair et de fer.

Profitant de l’arrêt de la chose, M82 se releva péniblement en faisant attention à sa jambe blessée. En face de lui, l’autre regardait son trou avec consternation. Il n’avait pas dit un mot depuis tout à l’heure, et n’avait pas émis de sons depuis son grognement. Il semblait maintenant calculer les nouvelles possibilités qui s’offraient à lui. Enfin, il tourna lentement sa tête vers l’agent et reprit sa marche assassine.

Avant que le détective puisse réagir, la barre de fer s’abattit sur lui à une vitesse inhumaine. Il réussit à la bloquer avec son bras, en échappant néanmoins un râle de douleur, et attrapa aussitôt l’autre bras de son assaillant avec sa seconde main. La lutte était intense et serrée, et ils étaient maintenant proches des énormes machines de l’usine. M82 en identifia une qui semblait servir de presse pour les pièces métalliques. D’un geste puissant et coordiné de ses bras et jambes, il fit basculer l’homme-robot sur l’espace dédié à la presse, et se jeta sur l’imposant bouton rouge sur le côté de la machine.

Cette dernière s’activa après un lourd vrombissement, et la partie haute s’abattit violemment sur sa victime. L’engin remontait et descendait dans un rythme répété et rapide. L’agent prit un temps pour souffler et recula afin d’observer le spectacle. La chose se débattait en panique et, sous les coups de la presse, son corps se détruisait petit à petit. Ses vêtements se déchiraient et sa chair s’arrachait pour laisser apparaître un squelette en métal qui semblait plus résistant que tout. Ses deux jambes s’étaient séparées de son torse, la plupart des muscles partaient en lambeaux, et sa tête était cabossée et révélait un crâne luisant couleur argent.

Les membres s’agitaient dans tous les sens, mais d’un coup, l’avant-bras droit de la chose, qui n’était plus que des os de fer, se dressa à la verticale, la paume faisant face à la presse, et s’immobilisa. La machine frappa une énième fois et vint rencontrer la main du robot à pleine allure. Elle s’arrêta net. Incapable de descendre plus bas, la presse était bloquée par cet obstacle dressé en perpendiculaire contre elle. Le robot dégaina son autre bras, et brandit sa main libre. Ses doigts se collèrent ensemble pour former une pointe, et il se mit à frapper frénétiquement le coude de son bras bloqué avec cette dernière. Le peu de peau qui restait dessus était coupé petit à petit et les chocs des deux pièces de métal provoquaient des crissements insupportables. En même temps il tirait avec l’épaule de son bras bloqué qui finit par s’arracher au niveau du coude.

L’androïde tomba de la presse pour s’écrouler sur le sol, sans ses deux jambes toujours sous la machine, et son avant-bras droit qui bloquait encore la presse à lui seul. Malgré son piteux état, la chose était prête à retourner à l’assaut.


Agent M82 clutched on his wounded leg, hoping he wouldn’t bleed out to death too soon. He heard the abomination crawling toward him with its remaining arm. Gripping his Lullaby© gun tighter than before, he rose on his uninjured leg with a wince. The detective lined the thing’s head with his crosshair, his vision spinning from blood loss. The monster was only a few meters away. He could hear its claws ripping into the steel floor with each lunge forward. The grinding noises were so loud, they seemed mere inches away from his ears. After a deep breath, he finally got its skull in the sight line, and pulled the trigger. The bullet blasted it with a splash, painting the corridor with red goo and metal shards.